Après avoir créé la surprise avec sa 1M en 2011, BMW lance la M2 qui la remplace et se pose en descendante de la très confidentielle 2002 turbo des années 1970. Mais à bien y réfléchir, ne serait-elle pas aussi la digne héritière de la M3 ?
Présentée il y a bientôt un an, les premières livraisons de la M2 viennent à peine de commencer, c’est dire si l’attente fut longue ! Si elle succède à la 1M, cette M2 est en quelque sorte inédite puisqu’elle est la première à arborer ce sigle. Une appellation qui symbolise la version Motorsport de la série 2 coupé. Mais vu son gabarit, la question qui se pose est de savoir si ce ne serait pas elle la digne héritière de la M3 originelle. Décryptage…
Look Motorsport
Avec son look exubérant, la 1M semblait sortir d’un « cartoon » avec ses ailes et ses boucliers gonflés aux stéroïdes. La M2, plus discrète, continue d’impressionner tout en affichant une présence sportive qui gagne en maturité pour flatter l’ego de son conducteur. Pour y parvenir, les recettes de la 1M ont été retenues, à savoir des voies et des ailes élargies, des boucliers imposants et les fameuses 4 sorties d’échappement intégrées au diffuseur arrière. L’habitacle, quant à lui, demeure d’une triste sobriété avec des placages imitation carbone, de simples sièges sport hérités de la série 2 coupé et un volant flanqué du logo M. Bien sûr il y a la ligne d’accessoires « M Performance » à monter hors usine mais bon… Les vrais siège sport (type baquet) sont malheureusement absents et c’est bien dommage vu le maintien perfectible de ceux d’origine. Les fans de pilotage devront donc s’en remettre aux sièges baquet « aftermarket » alors que des concurrentes plus modestes les proposent en option…
Cela nous amène à imaginer ce que serait la M2 de nos rêves…
Technologie Motorsport
Disons-le de suite, contrairement à la M3/M4 dont le moteur a fait l’objet d’un développement particulièrement poussé, avec à la clé un impressionnant bond en performances, celui de la M2 ne semble être qu’une timide évolution de celui de la M240i qui n’a que 30 ch de moins pour le même couple. Pourtant, en renforçant les entrailles mécaniques du 6 cylindres en ligne, on espérait que BMW allait pousser la puissance un cran plus haut mais la M4 aurait alors souffert de la comparaison. A l’image de Porsche avec sa 911 et sa Cayman, il faut y voir le respect de la hiérarchie des modèles ! En réalité, pour trouver ce qui fait de la M2 une véritable « M » il faut chercher ailleurs. Tout d’abord, il y a la transmission qui hérite du différentiel autobloquant M piloté de la M4 et aussi, en option, de sa boîte séquentielle DKG à 7 rapports quand la M240i doit se contenter de l’excellente, mais classique et moins rapide, boîte auto ZF à 8 rapports. Ensuite il y a le châssis dont les trains roulants, les suspensions pilotées et les freins sont repris de la M4 et on comprendra que c’est au niveau du comportement routier que la M2 se différencie de la M240i en se rapprochant dangereusement de la M4… d’où son déficit de puissance ! Mentionnons encore l’échappement M Performance, l’option à ne pas louper, qui transforme la sonorité du 6 en ligne en bête de circuit… vraiment top !
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Accrocheuse et joueuse
En s’installant à bord, on retrouve l’excellente position de conduite de la série 2 coupé dont l’amplitude des réglages conviendra au plus grand nombre. L’instrumentation claire mais succincte offre la possibilité de brancher une GoPro pour visionner les trajectoires et les chronos réalisés lors des « track days ». Sympa ! Contact, démarrage et le six en ligne résonne à travers le silencieux Motorsport pas très discret… pas de doute, ce n’est pas un Diesel ! Notre véhicule d’essai est équipé de la boîte DKG qui, en mode normal, se montre particulièrement douce en conduite coulée, permettant au moteur d’évoluer sur un filet de gaz pour ne pas trop se faire remarquer. Dans ces conditions, la direction légère et directe autorise des manœuvres aisées en milieu urbain alors que la suspension se montre très conciliante avec nos vertèbres. Une fois la mécanique à température, nous enclenchons le mode sport pour plus de réactivité mécanique.
On se retrouve alors seul maître à bord avec une machine prête à « drifter » …
La conduite devient plus intense avec un durcissement de la direction et des suspensions, un moteur plus réactif et des passages de rapports plus rapides et moins lissés. Ce mode est parfait pour une conduite dynamique coulée qui permet de laisser un bon nombre de véhicules derrière soi… Le mode ultime, Sport+, rajoute la désactivation partielle de l’antipatinage avec des passages de rapports carrément virils (pour singer une boîte séquentielle de compétition). Dans ces conditions la M2 devient extrêmement ludique et, grâce à son niveau d’adhérence élevé, on permet de jouer avec le transfert des masses pour la placer en entrée de courbe. Le stade ultime, réservé au circuit, consiste à désactiver l’ESP… On se retrouve alors seul maître à bord avec une machine prête à « drifter » qui n’hésite pas à bouger son popotin en nous gratifiant de belles dérives dans le plus pur style « power slide ». Mais attention à savoir gérer !
La M2 selon Luxgears
Au terme de notre essai, nous avons beaucoup apprécié les performances et l’agilité de comportement de la M2 qui se révèle une fabuleuse machine à piloter en donnant énormément de plaisir à son conducteur. En cela, elle se rapproche plus des anciennes M3 que l’actuelle M3/M4 et c’est une excellente nouvelle ! Cependant, au registre des critiques, on notera un poids un peu trop élevé (à peine 12 kg de moins que la M4) qui se fait sentir dès que l’on s’approche des limites d’adhérence (un minimum de maîtrise du pilotage avec l ‘ESP OFF est conseillé), un caractère moteur un peu trop lissé à notre goût et des sièges au maintien perfectible. Un dernier mot sur la boîte DKG qui offre d’excellentes performances et une facilité de conduite déconcertante mais qui, sur route, enlève aussi une part d’implication de son pilote. Une constatation qui s’est faite jour après avoir testé l’ancienne 1M particulièrement plaisante sur ce point ! Cela nous amène à imaginer ce que serait la M2 de nos rêves… Pour Luxgears, elle serait dotée de la boîte manuelle, de bons sièges baquets, d’éléments de carrosserie en carbone pour gagner du poids et, tant qu’on y est, pourquoi pas une petite reprogrammation moteur pour aller chercher 400ch / 600Nm. Ainsi configurée, on aurait une belle alternative à la M4 ou carrément à la 911S !