Lexus RCF: Douce Violence

LG-4 1:2 starsLexus est reconnu pour ses véhicules luxueux à motorisation hybride, des modèles de douceur et de raffinement. Mais voilà que la sportive RC-F débarque pour nous dévoiler son côté obscur !

Les produits Lexus ne font pas vraiment dans la sportivité, c’est un fait. Mais ce serait oublier deux exceptions que sont la fantastique LFA, une voiture de course adaptée à la route et la IS-F, concurrente des M3, RS4 ou autre C63 AMG. Aujourd’hui Lexus remet le couvert avec son coupé RC-F pour reprendre le flambeau de l’ancienne IS-F, histoire de perpétuer la bataille avec ses ennemies teutonnes.

RCF8_lowEsthétique inédite

Lexus a longtemps été critiqué pour son style fade et son manque de personnalité, voire même sa tendance à plagier les réalisations allemandes, mais c’est de l’histoire ancienne. De fait, si la silhouette de la RC s’inspire de celle de ses concurrentes – difficile de faire différent – il n’en est rien de son style qui lui est propre. Il faut dire que Lexus s’est dévergondé ces dernières années avec un design anguleux et particulièrement agressif… on est loin du coupé cabriolet SC430 ! Pour s’en convaincre, il suffit d’observer sa face avant flanquée d’une énorme calandre en double trapèze et d’optiques de phares tridimensionnelles aux formes très travaillées. Il en va de même pour sa poupe qui, si elle rappelle la BMW série 4, dégage une forte identité, notamment grâce à ses 4 embouts d’échappement agencés en oblique (une tendance lancée par Lexus et reprise depuis par Ferrari et Alfa Romeo). Son profil est, lui aussi, très bien dessiné avec un long capot plongeant, des ailes élargies par des galbes prononcés et un pavillon élancé qui vient mourir sur une malle arrière abritant un aileron rétractable invisible à l’arrêt. Un bel objet cette RC-F !

Lexus s’est dévergondé ces dernières années avec un design anguleux et particulièrement agressif !

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S’installer à bord est un plaisir rare tant la forme et le touché de ses sièges sont exceptionnels… qu’on s’y sent bien ! La position est « spot on » et le volant tombe parfaitement en mains avec une vue dégagée sur l’instrumentation analogique/digitale à la façon « LFA » … On se sent « lové » dans son cockpit enveloppant dont le style particulier – notamment sa planche de bord multi étages – nous rappelle que nous sommes à bord d’un véhicule original et individuel. Nos goûts européens pourraient cependant reprocher le look « plastique » de certaines surfaces mais question finition et qualité d’exécution il n’y a rien à dire. Reste le système multimédia, lui aussi particulier, à la commande par pavé tactile peu courante et surtout son graphisme un peu daté. On aurait apprécié une interface visuellement plus « High-tech » mais n’oublions que la culture électronique nipponne a ses codes.

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V8 Stratosphérique

RCF_moteur1Alors que ses concurrentes allemandes ont délaissé les gros V8 atmosphériques pour de plus petits moteurs suralimentés – le fameux downsizing – Lexus persiste avec son V8 5.0l qui produit 477 ch. à 7100 tours/minute en se passant de turbo ou autre compresseur. Près de 100 ch./litre pour un atmosphérique de cette cylindrée c’est remarquable… voilà qui promet de belles envolées dans les hauts régimes ! Pour ce faire, Lexus a fait appel à des solutions techniques inédites comme la double injection directe/indirecte ou le déphasage électrique en continu des arbres à cames – des innovations Lexus – cela pour mieux remplir les cylindres sur l’ensemble de la plage de fonctionnement. A l’usage on obtient un moteur soyeux et docile à bas et moyens régimes mais, dès le cap des 4000 tours/minute, il s’envole pour taper le rupteur à 7300 tours… et quel son ! Bref, ce moteur vaut le détour à lui seul.

C’est un moteur à deux visage comme feu les Honda VTEC, sauf qu’ici il s’agit d’un V8 de 5.0l … On vous laisse imaginer !

Veloutée et démoniaque

RCF7Contact, une pression sur le bouton de démarrage et une voix rauque mais feutrée de « gros cube » atmosphérique naît dans l’habitacle… Levier de boîte auto positionné en « D » et c’est parti ! L’évolution à basse vitesse est douce et veloutée, le V8 ronronne en background pour se rappeler à notre bon souvenir mais jamais de façon excessive. Le niveau de confort dans ces conditions est remarquable si l’on considère le côté radical de la bête et l’absence de suspension pilotée, c’est bien plus convaincant que ses concurrentes parfois pourvues de systèmes actifs. A cette allure, la sensation ressentie est celle d’un coupé de grande classe aux bonnes manières, façon Jaguar, sans brusquer ses occupants. Mais quand on bascule sur le mode Sport+ les choses changent, le timbre du V8 se fait plus vibrant (via le système audio), la réactivité de l’accélérateur et de la boîte auto devient instantanée et, après 4000 tours/minute, on entre définitivement dans un autre monde. La douceur des bas régimes fait place à un dynamisme mécanique dont la violence suit le mouvement de l’aiguille du compte-tours… Allez, on en remet une couche en plaçant la boîte en mode manuel et le différentiel autobloquant piloté en mode « track », soit la sélection la plus extrême et là c’est l’extase ! La voix du V8 se mue en hurlement mélodieux, la montée des rapports se fait en mode rafale avec le petit à-coup – façon boîte séquentielle – qui va bien et les rétrogrades s’accompagnent du fameux « blip » typique du double débrayage… Superbe ! Bref, c’est un moteur à deux visage comme feu les Honda VTEC, sauf qu’ici il s’agit d’un V8 de 5.0l … On vous laisse imaginer !

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Confort et Sport

Terminons par la partie châssis qui n’est pas en reste. Pour rappel nous avons à faire à une propulsion à moteur avant d’un poids de 1755 kg (DIN) avec un train avant à double triangulation et essieu arrière multi-bras. Côté freinage c’est du sérieux avec des disques de 380mm pincés par des étriers 6 pistons fixes à l’avant et 345 mm / 4 pistons fixes à l’arrière. A l’usage, la RC-F distille un confort ferme – c’est une sportive – mais appréciable. Sa direction à assistance électrique est précise et contribue au plaisir de conduite même si elle se montre un peu légère et manque de feedback. Son comportement sain et équilibré en conduite sportive routière ne souffre pas la critique mais on se doute qu’il lui manque le côté radical pour briller sur circuit. Là, elle risque de souffrir de son poids élevé en la rendant sousvireuse et peu efficace à la limite. Bref, ce n’est pas là son but et cette RC-F réussit à allier sport et confort de fort belle manière. Un beau compromis parfaitement adapté à une utilisation routière tout en distillant des sensations rares, et ça on adore !

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Fiche Technique

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