Pagani: Quand Art et Automobile ne font qu’un!

Le triangle d’or d’Emilie-Romagne est connu surtout pour Ferrari et Lamborghini mais il ne faut pourtant oublier pas le 3ème larron Pagani ! En route pour la visite de son  musée et des différents chefs-d’œuvres roulants aux alentours de son usine de Modène.

Toute une histoire

Contrairement aux autres marques italiennes, Pagani est assez récente puisqu’elle vu le jour en 1999 avec son premier modèle emblématique, la Zonda C12. Avant de se lancer dans l’historique de ses modèles, intéressons-nous d’abord à Horacio Pagani, le fondateur de la marque et probablement l’un des derniers artisan-artistes de l’automobile.

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D’origine argentine et modeste fils de boulanger, Horacio n’était pas prédestiné à une carrière dans l’automobile. Cependant, au gré de ses rencontres et porté par la passion, Horacio va progressivement intégrer le monde de l’automobile et s’y faire une place parmi les plus grands. C’est lors de son passage en championnat de F2 argentin que Horacio Pagani y fera la connaissance d’un certain Juan Manuel Fangio, une véritable légende vivante. Dès lors ces deux-là ne se quitteront plus et Fangio ira même jusqu’à le recommander auprès de Ferrari et Lamborghini pour un poste de designer. Lamborghini engagera le jeune Horacio qui y fera une ascension fulgurante, notamment en participant au développement de la Lamborghini Countach et en intégrant par après le département de recherche composites. Quelques années plus tard, Horacio et son équipe développent un nouveau procédé pour introduire le carbone dans la construction des voitures de sport Lamborghini.

En 1988, Horacio quitte Lamborghini pour créer sa propre activité dénommée Pagani Composite Research. Puis, entre 1992 et 1999, Pagani s’attèle au développement de la Zonda qui sera dévoilée au grand public au Salon de Genève. Dénommé Zonda C12, ce premier modèle Pagani tire son nom du vent des Andes, le C reprend lui l’initiale du prénom de son épouse Cristina et le 12 représente évidemment le nombre de cylindres de son moteur. Un des tous premiers exemplaires de la C12 en version S est visible au musée, le tout premier habillé d’une carrosserie entièrement en carbone.

Les deux Zonda suivantes qui se dressent face à nous sont des modèles F. L’exemplaire rouge est un coupé et l’orange un roadster destiné au marché anglais, d’où son volant à droite. Comme toutes les Zonda dans ce musée, elles sont dans un parfait état, les jantes chromées brillent de mille feux et les carrosseries sont rutilantes malgré le fait que les anciens propriétaires en aient bien profité. C’est que Pagani a racheté tous ces modèles à leurs anciens propriétaires afin de les conserver dans son musée de Modène.

La visite continue avec une déclinaison désormais mythique de la Zonda, la fameuse Cinque. On retrouve ici une version roadster de cette série limitée à cinq exemplaires dans une livrée blanche et carbone apparent. Développant pas moins de 678 ch, il s’agit de l’une des Zonda les plus puissantes jamais conçues. Le carbone est omniprésent et la boîte de vitesse est cette fois-ci séquentielle et non plus manuelle. Pagani aura quand même pris soin de laisser le levier de vitesse apparent sur la console centrale afin de ne pas dénaturer l’habitacle.

Au fond de l’alignement des Zonda se trouve une Revoluciòn. Il s’agit ici d’une version course de la Zonda, donc non homologuée pour l’usage routier… Inutile donc d’espérer parader à son volant dans les bouchons matinaux pour vous rendre au travail! Cependant, avec 800 ch sous le capot, vous serez probablement l’un des plus rapides sur circuit et certainement le moins discret vu la taille de l’aileron et le chant de son V12!

Terminons cette visite exceptionnelle avec la plus ancienne des Zonda qui totalise plus de 1.000.000 km à son compteur! Plus communément appelée « La Nonna » qui signifie « grand-mère » en italien, elle dispose des dernières avancées technologiques dont la Zonda a hérité tout au long de sa carrière. Il est donc tout à fait logique qu’en ce moment La Nonna possède les rétroviseurs sur les ailes avant et non sur les montants de pare-brise, le gros aileron de la 760RS et non celui en double partie qui figurait sur la S. La Nonna, désormais âgée de 20 ans, a participé au développement de chaque Zonda existante, de la première C12 S à la Cinque, en passant par la Tricolore pour finalement terminer sur avec la 760. Pour les 60 ans de Horacio Pagani, ses employés ont décidé de restaurer La Nonna dans le but d’en faire l’une des pièces maitresses de ce musée ! C’est une très belle initiative.

Aux alentours de l’usine

En sortant du musée et en entrant dans le hall d’entrée qui constitue à la fois la boutique, la réception et l’aire de livraison client, quelle surprise de découvrir une Huayra BC dans toute sa splendeur. Dans une livrée blanche, avec de nombreuses parties en carbone et les trois bandes caractéristiques bleues, il s’agit ici d’un des plus beaux exemplaires de la BC. Cette version est limitée à 25 exemplaires et si certains sont encore en phase d’assemblage dans les ateliers de l’usine, 4 exemplaires attendent déjà leurs futurs propriétaires. Des modèles exceptionnels dont les carrosseries arborent des finitions en carbone bleu, vert ou brun et un exemplaire rouge avec du carbone noir. Ces véritables œuvres d’art symbolisent les plus belles déclinaisons de la Huayra jusqu’à ce jour, cela malgré la présence de l’aileron arrière qui pourrait ne pas plaire à certains.

Lors de cette visite chez Pagani, nous avons eu des visions presque irréelles, celles d’apercevoir un nombre invraisemblable de Huayra arpenter les routes aux alentours de l’usine! Quelle surprise de voir défiler ces œuvres d’art roulantes pour effectuer leurs tests routiers comme si de rien n’était. Deux versions Roadster ont été aperçues à l’ancienne usine tout comme la Huayra BC de test ainsi qu’une Huayra classique.

Pour cette première visite dans le berceau de Pagani, nous pouvons dire que nous avons été gâtés. La proximité avec Horacio, le superbe musée, l’usine qui est à la pointe de la technologie tout en étant classique et le nombre de Pagani que l’on peut admirer font dans l’ensemble une expérience inoubliable… A faire au moins une fois dans sa vie de passionné!

Photos: Xavier Fridrici – Texte: Xavier Fridrici