FORD Focus RS: L’art du drift…

LG-5 stars

Après une longue période de « teasing » Ford dévoile enfin la troisième génération de la Focus RS. Mais la précédente avait frappé tellement fort qu’on se demandait si ce nouveau modèle allait encore réussir à faire le buzz. La réponse au bout de cet article !

Photo: www.facebook.com/dennisnotenphotographyLa seconde génération de Focus RS était un phénomène. Sa carrosserie bodybuildée façon WRC, ses énormes sorties d’échappement et, surtout, son fabuleux moteur 5 cylindres turbo de 305 ch avaient défrayé la chronique à sa sortie en 2009. Elle ajoutait à ces arguments un train avant muni d’un différentiel autobloquant et d’une géométrie à pivots découplés, le fameux RevoKnuckle, pour réussir la prouesse de passer ses 440 Nm au bitume par ses seules roues avant. Et ça marchait plutôt bien, même s’il faut se rappeler que le couple était limité sur les 2 premiers rapports pour lui faciliter la tâche… Sa production limitée à 11.000 exemplaires (dont 500 pour le Luxembourg), son comportement routier, la force et le son envoutant de son moteur lui ont de suite donné le statut de collector. Déjà à l’époque on se disait que la suivante – pour autant qu’il y en ait une – aurait un sacré défi à relever pour espérer faire aussi bien, voire mieux, que cette incroyable machine. S’il était pratiquement sûr qu’elle abandonnerait son fameux moteur 5 cylindres turbo (normes d’émissions obligent), on se demandait ce qui pourrait bien la différencier du reste de ses concurrentes que sont les Mégane RS, Leon Cupra ou autre Civic Type R. La réponse est simple, la nouvelle Focus RS est INTEGRALE ! Du coup, elle s’attaque désormais aux Golf R, Audi RS3 ou encore A45 AMG… Pourra-t-elle rivaliser avec ces dernières?

Capture d’écran 2016-07-29 à 17.00.59

La précédente Focus RS et son gros méchant look…

Look discret

Alors que la précédente RS semblait s’être échappée d’une spéciale de WRC avec ses ailes extralarges et son énorme aileron de toit, la nouvelle joue dans la retenue avec, pour seules modifications, des boucliers avant et arrière retravaillés, un aileron de toit majoré et des jantes de 19 pouces remplissant parfaitement les passages de roues. Avouons-le, elle est bien moins extravagante que sa devancière, d’autant qu’elle n’est disponible qu’en version 5 portes. Ceci plaira à certains mais en décevra d’autres. Son l’habitacle est lui aussi très sobre puisque les seules différences par rapport à une Focus classique se résument au trio de manomètres sur le dessus de la planche de bord, un volant et des sièges sport siglés RS, les baquets Recaro étant désormais une option.

Photo: www.facebook.com/dennisnotenphotography

Technique à la page

On l’a dit, son moteur abandonne le 5 cylindres d’origine Volvo pour le nouveau 2.3l EcoBoost déjà étrenné par la Mustang. S’il ne présente rien de révolutionnaire, ce 4 cylindres turbo à injection directe est particulièrement puissant avec 350 ch et 470 Nm, soit des valeurs équivalentes à feu la RS500. Mais Ford a aussi soigné le freinage et la suspension puisque cette nouvelle RS hérite d’étriers fixes à 4 pistons à l’avant (la précédente qui avait des freins de Volvo XC90 !) et d’une suspension pilotée qu’il est possible de durcir de 40% instantanément par la pression d’un bouton sur le commodo des clignotant. Sympa ! Notons encore l’intercooler XXL qui permettra de sortir un maximum de puissance de son moteur… une fois la plaque obstruant 25% de sa surface retirée ! De quoi ravir les fans de reprogrammation.

Photo: www.facebook.com/dennisnotenphotography

Transmission magique

FordFocusRS_AWD_01 - LowLa grosse nouveauté est donc cette fameuse transmission intégrale dont Ford vante les vertus concentrées dans le différentiel arrière emprunté au Range Evoque ! D’après Ford, il permettrait de contrôler de façon instantanée (100 fois par seconde), non seulement la répartition du couple entre les trains avant et arrière (jusque 70% sur l’arrière) mais aussi entre ses roues arrière (100% à gauche ou à droite) pour lui procurer cette fameuse agilité qui manque aux véhicules à 4 roues motrices. Ce différentiel est équipé de 2 embrayages multidisques pilotés, un par roue. Quand la voiture roule en ligne droite à vitesse stabilisée, ils sont « ouverts » et seules les roues avant sont motrices. Par contre, dès que les nombreux capteurs détectent une phase de forte accélération longitudinale (en ligne droite) ou latérale (en courbe), ou les deux, la gestion électronique commande à ces embrayage le degré de « fermeture » à adopter pour obtenir le meilleur niveau d’adhérence en fonction des conditions de roulage. Dans la pratique la voiture passe de traction à intégrale instantanément et de manière transparente, on ne remarque rien sauf qu’elle tient sacrément la route ! Mais là où le système devient magique c’est lorsqu’on sélectionne le mode « drift ». Dans ces conditions, le pilotage des embrayages envoie plus de couple à la roue arrière extérieure pour provoquer la dérive du train arrière tout en contrôlant la trajectoire. Et le plus fou c’est que cela se produit de façon naturelle et est assez facile à contrôler. Bref, on se prend alors pour un pilote !

Photo: www.facebook.com/dennisnotenphotography

Pilotage envoutant

En s’installant à bord de la RS on (re)découvre l’excellente position de conduite de la Focus avec en prime de bons sièges sport Recaro ou carrément les baquets optionnels du même nom. Les premiers sont plus étroits et chauffants alors que les autres sont plus durs et radicaux… un choix difficile ! Le volant tombe bien en mains et les commandes sont désormais plus conviviales grâce à l’écran tactile du nouveau système multimédia. En mode calme, la conduite est douce et le moteur agréable à bas et moyen régime, le temps de réponse du turbo est relativement court et la sonorité, un peu artificielle, assez sympa même si la musicalité du 5 cylindres a disparu. La direction plus directe et les suspensions plus dures nous informent que l’on n’est pas dans une simple Focus ! Cela se confirme dès que l’on hausse la cadence pour exploiter toutes les capacités de l’engin. A cet instant précis on est comme happé par cette extraordinaire machine à avaler les courbes, notre concentration est au plus fort, occupé que l’on est à exploiter toute la largeur de la route en traçant des trajectoires au scalpel… Mais soudainement la raison se rappelle à notre bon souvenir. Un coup d’œil au compteur de vitesse nous fait craindre pour notre permis de conduire ! Ford a réellement frappé très fort avec la nouvelle Focus RS, son châssis et sa transmission intégrale sont si exceptionnels qu’aucune de ses rivales ne peut la suivre sur route sinueuse. Et on ne parle même pas de l’option jantes forgées allégées avec les Michelin Cup2, de véritables ventouses, qui confèrent à cet engin un comportement irréel. Ayant possédé la précédente version, votre serviteur est à deux doigt de commander cette dernière évolution mais la question qu’il se pose est de savoir ce qu’il va bien pouvoir faire avec un tel monstre sur route ouverte… Passion ou raison, telle est la question!

Photo: www.facebook.com/dennisnotenphotography

Fiche Technique

Capture d’écran 2016-07-25 à 17.27.37

Photos: Dennis Noten / Remerciement: Circuit de Chambley